Les interfaces graphiques, conçues pour simplifier l’expérience utilisateur, peuvent paradoxalement complexifier et ralentir l’exécution de certaines tâches quotidiennes sur ordinateur.
Sous Linux, la ligne de commande se révèle souvent plus rapide, bien que pas toujours plus intuitive, pour obtenir précisément ce que l’on souhaite. L’ouverture d’un terminal et l’exécution de commandes ciblées peuvent s’avérer très efficaces.
Voici quelques exemples de tâches courantes sur Linux qui s’exécutent plus aisément en ligne de commande qu’avec des outils graphiques.
1. Lancer un terminal
Cette première suggestion est un peu particulière, car il s’agit plutôt d’un raccourci clavier que d’une commande. Néanmoins, l’utilisation du clavier justifie son inclusion dans cette liste.
Lors d’un test sur Manjaro Linux avec l’environnement Xfce, la combinaison de touches Ctrl + Alt + T s’est avérée nettement plus rapide que de déplacer le curseur vers le coin de l’écran, de dérouler le menu système, puis de sélectionner « Terminal » dans la liste.
De plus, il est possible d’attribuer des raccourcis clavier encore plus simples pour accéder encore plus rapidement à la ligne de commande.
2. Visualiser rapidement les performances système
La plupart des environnements de bureau intègrent des outils de surveillance système, dont l’accès n’est pas toujours évident. Sur une machine virtuelle Manjaro avec Xfce, il faut par exemple naviguer dans « Menu Système > Système » pour choisir entre « Htop » et « Gestionnaire des tâches ». Ces outils fournissent des informations similaires, mais la procédure pour y accéder prend du temps et sollicite inutilement le poignet.
L’alternative, plus simple et rapide, consiste à ouvrir un terminal, taper « top », « htop » ou « btop » et valider. On visualise instantanément l’utilisation de la mémoire, les processus en cours, la charge du processeur, etc. De nombreux outils en ligne de commande permettent de surveiller les performances, et leur ouverture via un terminal est toujours rapide.
3. Stopper un programme récalcitrant
Il arrive que des applications se comportent anormalement et nécessitent une fermeture immédiate. La commande « killall » permet d’éliminer ces programmes sans difficulté.
Si le navigateur web Midori refuse de se fermer, la commande :
killall midori
devrait résoudre le problème.
4. Examiner l’utilisation de l’espace disque
Il est essentiel de connaître l’espace disque disponible sur son système Linux, afin de pouvoir installer de nouveaux logiciels, profiter de jeux gourmands et télécharger des fichiers volumineux sans saturation de l’espace disponible.
Sur Ubuntu, l’analyseur d’utilisation du disque est accessible via « Menu Système > Utilitaires > Analyseur d’utilisation du disque ». L’écran initial présente les disques et leur espace libre.
En ouvrant un terminal et en tapant :
df -h
On obtient instantanément des informations détaillées sur tous les disques, partitions et systèmes de fichiers temporaires, y compris leur taille, l’espace utilisé et disponible.
5. Consulter les prévisions météo
Vérifier la météo peut s’avérer fastidieux : il faut se lever, aller jusqu’à la fenêtre, tirer les rideaux pour évaluer le temps qu’il fera.
Il est également possible d’ouvrir un navigateur et d’accéder à un site météo ou encore d’utiliser une application graphique dédiée.
Une méthode plus rapide consiste à ouvrir un terminal et à exécuter une commande pour obtenir les prévisions sur trois jours, avec des illustrations en ASCII représentant le soleil, la pluie, les nuages et les éclairs.
Pour cela, on peut utiliser la commande « curl » afin d’interroger le service météo wttr.in :
curl wttr.in/votre_ville
6. Modifier la résolution de l’écran
Ajuster la résolution de l’écran est une opération fréquente, notamment pour réaliser des captures d’écran destinées à des tutoriels.
La méthode graphique pour modifier la résolution diffère selon les distributions. Une fois l’écran approprié trouvé, il faut sélectionner la résolution souhaitée dans un menu déroulant, cliquer sur « Appliquer », puis confirmer ou annuler les modifications.
Pour gagner du temps, il est possible d’ouvrir un terminal et d’entrer :
xrandr
La commande affiche la liste de toutes les résolutions disponibles. Il suffit ensuite de choisir la résolution souhaitée et de la définir avec :
xrandr -s 1920x1080
Pas de boite de dialogue de confirmation. En cas d’insatisfaction, on peut simplement relancer « xrandr »!
7. Transférer des fichiers vers un serveur
La majorité des serveurs fonctionnent sous Linux et il est aisé d’en héberger un sur un simple Raspberry Pi.
Le transfert de fichiers vers un serveur passe généralement par le protocole FTP, pour lequel il existe d’excellents clients graphiques sous Linux.
Une alternative plus rapide et efficace est l’utilisation combinée de la ligne de commande avec les outils Secure Shell (SSH) et Secure Copy (SCP).
Pour se connecter à un serveur en SSH afin d’explorer les fichiers et d’effectuer des opérations, il suffit d’entrer :
ssh [email protected]
Pour la copie de fichiers, on utilisera la commande suivante :
scp /chemin/vers/vos/fichiers [email protected]:/chemin/ou/vos/fichiers/doivent/aller/
C’est simple!
8. Sauvegarder ses fichiers Linux
La sécurité des fichiers passe par la création régulière de sauvegardes à stocker dans un endroit sûr.
La copie sur une clé USB est une option, et de nombreuses distributions proposent un outil de sauvegarde intégré. Ubuntu fournit par exemple un outil baptisé « Sauvegardes ».
Timeshift est une excellente application tierce pour la planification et la création de sauvegardes sur Linux. Elle utilise l’utilitaire rsync.
On peut se passer de l’intermédiaire et utiliser directement « rsync » en ligne de commande pour sauvegarder les fichiers sur un serveur distant et automatiser la procédure avec « cron ».
9. Installer de nouveaux logiciels Linux
Plusieurs méthodes existent pour installer des logiciels sous Linux, et la plupart incluent une interface graphique. Les distributions courantes proposent des « centres de logiciels » pour rechercher et installer des applications.
Cependant, les magasins de logiciels sous Linux ne sont pas sans défauts, et souffrent souvent de lenteurs et de difficultés à trouver ce que l’on cherche.
L’installation de paquets en ligne de commande est souvent simple. Sur les distributions dérivées de Debian, on peut rechercher un paquet avec la commande :
apt search nom_du_paquet
… et installer le paquet sélectionné avec :
sudo apt install nom_du_paquet
Des outils équivalents existent pour Arch Linux, Fedora, openSUSE et Alpine.
La ligne de commande permet également d’ajouter des logiciels à partir de PPA non standards, voire de compiler à partir des sources.
10. Gérer sa liste de tâches
Une liste de tâches est indispensable pour une bonne organisation. Bien qu’il soit possible d’utiliser Google Keep ou même un tableur comme Google Sheets pour gérer ses tâches, cela peut s’avérer inutilement compliqué.
Taskwarrior est un outil en ligne de commande, disponible dans les dépôts de la plupart des distributions, qui simplifie la gestion des listes de tâches.
Son utilisation est simple :
task add écrire un article pour MUO
Pour lister les tâches :
task
Pour marquer une tâche comme accomplie :
task done x
où x est le numéro de la tâche concernée.
De nombreuses options sont disponibles, mais les bases suffiront à la plupart des utilisateurs. C’est assurément plus efficace que de créer un document Google Sheets !
11. Mettre à jour ses logiciels
Les distributions orientées débutants, comme Ubuntu, proposent des outils de mise à jour automatique, dont l’interface graphique s’affiche généralement au moment le plus inopportun.
Au lieu de dépendre de cet outil, de patienter pour la saisie du mot de passe, il est préférable d’ouvrir un terminal et, sous Ubuntu ou Debian, de taper :
sudo apt update && sudo apt upgrade -y
Les utilisateurs d’Arch Linux utiliseront plutôt :
sudo pacman -Syu
12. Rechercher et regarder des vidéos YouTube
YouTube est probablement la plus grande vidéothèque du monde, mais l’accès ne nécessite pas forcément l’ouverture d’un navigateur et la visualisation de publicités.
On peut utiliser l’outil « ytfzf » directement depuis un terminal pour regarder des vidéos YouTube. « ytfzf » utilise l’API Invidious pour rechercher une vidéo et « yt-dlp » pour le téléchargement et la diffusion via mpv.
C’est une méthode simple, rapide et efficace, utilisable depuis n’importe quelle fenêtre de terminal.
Le terminal Linux : un outil pour une efficacité accrue !
Les 12 exemples présentés illustrent la simplicité et l’efficacité de la ligne de commande pour des tâches que l’on réaliserait plus laborieusement avec une interface graphique.
Le terminal Linux n’est pas un outil intimidant. Une fois que l’on maîtrise les bases pour effectuer les tâches courantes, des méthodes existent pour créer des raccourcis et rendre les commandes encore plus efficaces.