Les marchés financiers européens ont connu une volatilité significative vendredi, alors que le sentiment des investisseurs était fortement influencé par des rapports faisant état d’opérations militaires israéliennes d’envergure ciblant des sites nucléaires iraniens. Cette escalade dramatique des tensions géopolitiques au Moyen-Orient a immédiatement déclenché une appréhension généralisée concernant la stabilité régionale, entraînant des mouvements marqués des principales classes d’actifs.
Les actions européennes face à une vente massive
Les marchés boursiers européens ont ouvert avec des pertes substantielles, reflétant de profondes inquiétudes quant à l’escalade du conflit. L’indice Euro STOXX 50 a notamment chuté de 1,5% en milieu de matinée (heure d’Europe centrale), contribuant à sa pire performance hebdomadaire depuis début avril. Les institutions financières figuraient parmi les sociétés à forte capitalisation boursière les plus touchées au sein de la zone euro. De grandes banques telles que Deutsche Bank, UniCredit, Banco Bilbao Vizcaya Argentaria et Banco Santander ont toutes vu le cours de leurs actions baisser de plus de 2,4%.
Sur les indices de référence nationaux, la tendance était également négative :
- Le DAX allemand a reculé de 1,34%.
- Le CAC 40 français a chuté de 1,35%.
- Le FTSE MIB italien a baissé de 1,68%.
- L’IBEX 35 espagnol a clôturé en baisse de 1,70%.
Contrairement au ralentissement général du marché, certains secteurs ont enregistré des gains. Le contractant de défense Rheinmetall, un poids lourd allemand, a vu son action augmenter de 2% alors que les investisseurs se tournaient vers les entreprises exposées aux industries militaires et de sécurité.
Les prix du pétrole flambent sur fond d’inquiétudes concernant l’approvisionnement
Les troubles géopolitiques ont fait grimper en flèche les prix du pétrole brut, alors que les marchés commençaient à intégrer une prime de risque accrue. Les contrats à terme sur le Brent ont bondi de plus de 5% pour s’échanger à 73 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) a atteint 71,5 dollars. Ces gains ont propulsé les prix du pétrole de plus de 10% sur la semaine, marquant leur plus forte augmentation hebdomadaire depuis octobre 2022. Les grandes compagnies pétrolières, y compris l’italienne Eni et l’espagnole Repsol, ont vu leurs actions augmenter de 2% grâce à la hausse des prix des matières premières énergétiques. Les contrats à terme sur le gaz naturel néerlandais TTF ont également grimpé de 2% pour atteindre 37,12 € par mégawattheure, alimentés par les craintes de perturbations potentielles des routes d’approvisionnement énergétique.
Valeurs refuges et dynamique des devises
La demande pour les valeurs refuges traditionnelles a bondi en réponse à l’incertitude accrue. L’or a grimpé de 1% pour atteindre 3 430 dollars l’once, approchant son plus haut historique de 3 500 dollars. L’argent a également maintenu sa valeur, atteignant 36,5 dollars l’once au cours de la nuit.
Le dollar américain, après plusieurs jours de baisse, a retrouvé de la vigueur. L’euro a glissé de 0,5% face au dollar pour atteindre 1,1540 dollar, annulant une partie de ses récents gains qui l’avaient vu toucher un plus haut de trois ans à 1,16 dollar jeudi. De même, la livre sterling s’est dépréciée de 0,5% à 1,1350 dollar.
Au Moyen-Orient, le shekel israélien a connu une dépréciation significative, chutant de 1,8% face au dollar. Cela a marqué sa plus forte perte quotidienne depuis l’attaque du Hamas en octobre 2023. Parallèlement, les récentes données sur l’inflation ont montré que le chiffre final de l’inflation allemande pour mai a été confirmé à 2,1% en glissement annuel, tandis que l’inflation annuelle de l’Espagne a été révisée à la hausse de 1,9% à 2%.
Points de vue des analystes sur les risques de marché
Les analystes financiers suivent de près la situation, en particulier son impact potentiel sur les marchés de l’énergie. Francesco Pesole, stratégiste devises chez ING, a commenté : « La frappe israélienne sur les installations nucléaires iraniennes a fait grimper en flèche les prix du pétrole et a offert au dollar, survendu et sous-évalué, un catalyseur de rebond. » Il a souligné la différence critique de cette escalade, notant : « La différence clé par rapport aux précédentes impasses est que des installations nucléaires ont désormais été ciblées. »
Warren Patterson, responsable de la recherche sur les matières premières chez ING, a mis en garde contre des risques plus larges pour la chaîne d’approvisionnement. Il a déclaré : « Dans un scénario d’escalade continue, il existe un potentiel de perturbations du transport maritime à travers le détroit d’Ormuz. Près d’un tiers du commerce mondial de pétrole par voie maritime transite par cette route. » Patterson a souligné les graves implications, avertissant que jusqu’à 14 millions de barils par jour pourraient être menacés. Une telle perturbation prolongée pourrait potentiellement faire grimper les prix du pétrole à 120 dollars le baril, des niveaux jamais vus depuis 2008.