UK: La pharma freine ses investissements, citant prix et soutien public.

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By pierre



Le secteur pharmaceutique du Royaume-Uni est confronté à un défi de taille alors que les fabricants mondiaux de médicaments suspendent ou retirent de plus en plus leurs investissements prévus, invoquant des préoccupations concernant le soutien gouvernemental, les conditions concurrentielles et les politiques de prix des médicaments. Cette réticence des grandes entreprises biopharmaceutiques intervient à un moment crucial, marqué notamment par une visite d’État du président américain Donald Trump et l’approche d’une échéance pour l’ordonnance de son administration sur la fixation des prix des médicaments selon la clause de la « nation la plus favorisée » (NPF), qui vise à aligner les prix des médicaments américains sur ceux des autres nations développées. La convergence de ces facteurs pousse les autorités britanniques à réévaluer leur proposition de valeur pour une industrie essentielle à l’innovation et à la croissance économique.

Le calcul de l’investissement évolue pour les géants pharmaceutiques

Les entreprises pharmaceutiques mondiales ont intensifié leurs appels au gouvernement britannique pour qu’il propose des prix de médicaments plus compétitifs et qu’il favorise un climat d’investissement plus propice. Cette pression précède directement une échéance imminente liée à l’initiative du président Trump sur les prix des médicaments NPF, qui a catalysé une réévaluation des stratégies d’investissement à l’échelle mondiale. Face à l’absence apparente de progrès de la part du gouvernement britannique sur ces demandes, plusieurs entreprises de premier plan ont considérablement réduit leurs projets d’expansion au Royaume-Uni. Des analystes comme Jimmy Muchechetere, analyste de recherche sur les actions mondiales dans les secteurs de la santé et de l’industrie chez Investec, suggèrent que cette pause collective pourrait être une tactique de négociation stratégique, visant à obtenir un soutien accru plutôt qu’un retrait complet.

Des exemples concrets illustrent cette tendance. Le géant anglo-suédois AstraZeneca a récemment annoncé la suspension d’un investissement prévu de 200 millions de livres sterling (271,37 millions de dollars) pour son site de recherche de Cambridge, attribuant cette décision à une perception de réduction du soutien gouvernemental. Cela fait suite à une décision similaire de la société pharmaceutique américaine Merck, qui a abandonné un projet de centre de recherche d’un milliard de livres sterling à Londres, citant explicitement un manque de compétitivité du Royaume-Uni et une « sous-évaluation » des médicaments innovants. Eli Lilly a également indiqué qu’elle suspendait ses investissements dans un laboratoire britannique, en attendant une plus grande clarté sur l’environnement des sciences de la vie du pays.

Repositionnement stratégique face aux changements de politique américaine

Les observateurs de l’industrie considèrent ces actions non pas comme de simples incidents isolés, mais comme faisant partie d’une réponse plus large et coordonnée des entreprises pharmaceutiques aux changements de politique mondiale. Muchechetere a souligné que ces entreprises, souvent de concert avec les groupes de pression de l’industrie, se positionnent stratégiquement pour maximiser leur influence sur les administrations, y compris celle du président Trump. Diederik Stadig, économiste de la santé chez ING Research, a noté que depuis l’entrée en fonction de l’administration américaine actuelle, les discussions autour des « lieux de production, de l’innovation et des prix » sont devenues primordiales.

Stadig a précisé que le Royaume-Uni semble être un indicateur précoce du repositionnement des portefeuilles d’investissement mondiaux des entreprises pharmaceutiques, qui allouent de plus en plus de capitaux aux États-Unis au détriment d’autres régions concurrentes. Bien que le Royaume-Uni représente actuellement une étude de cas pratique, cette tendance pourrait constituer une menace plus large pour les économies européennes à mesure que les entreprises réorientent leurs capacités existantes vers les États-Unis. Le Département britannique de la Science, de la Technologie et de l’Innovation a reconnu l’attractivité du pays en tant que destination d’investissement, mais a concédé qu’il restait « beaucoup à faire » pour obtenir des financements et stimuler l’innovation. À l’approche de l’échéance cruciale concernant la fixation des prix des médicaments, les enjeux restent exceptionnellement élevés pour la position du Royaume-Uni sur la scène mondiale des sciences de la vie.