L’expression « économie des petits boulots » est omniprésente dans les médias et les conversations courantes. Elle désigne l’augmentation des emplois contractuels, souvent appelés « missions » ou « concerts », qui se distinguent des emplois traditionnels. Des activités telles que le covoiturage, la livraison de repas, la promenade de chiens ou la rédaction web illustrent ce type d’économie.
Une économie axée sur le travail indépendant et contractuel
L’ « économie des petits boulots » se caractérise principalement par l’essor du travail indépendant ou sous contrat, comme le souligne une étude de NPR. Un sondage Marist révèle qu’un cinquième des emplois aux États-Unis sont actuellement contractuels, et que la moitié de la main-d’œuvre américaine pourrait exercer un travail contractuel ou indépendant d’ici la prochaine décennie.
Mais qu’entend-on par travailleur indépendant ? Pensons aux métiers du bâtiment, à la conception web, à la rédaction freelance ou encore à la conduite pour Uber. Ces travailleurs ne sont pas considérés comme des « employés » au sens légal du terme. Ils travaillent soit en tant que contractuels, soit comme entrepreneurs individuels.
L’expansion du travail contractuel n’est pas fortuite. Après une décennie de reprise économique suite à une récession, la main-d’œuvre est plus importante qu’il y a dix ans. De plus, internet a facilité la recherche de missions contractuelles, notamment à court terme. La prolifération de contenus en ligne a aussi créé une forte demande pour les rédacteurs, les créatifs, les concepteurs web et les développeurs.
Cependant, l’influence d’internet ne s’arrête pas aux professions comme l’écriture ou les réparations. Elle s’est étendue aux emplois traditionnellement peu rémunérés et accessibles, tels que la livraison ou le transport de personnes.
C’est cette caractéristique qui définit véritablement l’économie des petits boulots : l’essor d’entreprises telles qu’Uber, Lyft, BiteSquad, et Instacart, qui font appel à des entrepreneurs pour des services de transport, de livraison de repas ou de courses. Ces entreprises ont bouleversé le secteur des emplois à faible revenu, ce qui explique l’intérêt qu’elles suscitent. Elles donnent aussi un aperçu de la manière dont l’économie des petits boulots pourrait affecter l’emploi à l’avenir, en supposant que d’autres industries adoptent ce modèle.
L’économie des missions : un atout pour certaines familles
Le travail contractuel présente des avantages. Il offre la possibilité d’être son propre patron, d’organiser son emploi du temps, ou de développer une activité en fonction de son expertise. Le travail contractuel peut également servir de revenu d’appoint en cas de difficultés financières ou pendant les études.
Ces avantages s’appliquent aussi aux emplois contractuels proposés par Uber ou Instacart, contribuant ainsi à l’élargissement de la main-d’œuvre et à la sécurité financière de certaines familles.
Les missions comme la conduite pour Uber conviennent aux personnes qui ne trouvent pas d’emploi traditionnel à temps plein en raison de leur manque d’expérience ou de niveau d’études, ou encore de handicaps. Elles conviennent également à ceux qui cherchent un emploi flexible ou temporaire à temps plein, car elles permettent de choisir son temps de travail.
C’est ce qui explique l’intérêt pour l’économie des petits boulots. Le travail contractuel, facile d’accès, est utile pour les familles à faibles revenus et contribue à augmenter la main-d’œuvre d’une manière que l’emploi traditionnel ne permet pas.
Les limites de l’économie des petits boulots
Si l’économie des petits boulots est utile pour certaines familles, elle est aussi vivement critiquée pour ses faiblesses.
La force d’Uber, Lyft et Instacart réside dans leur accessibilité et la flexibilité des emplois proposés. Mais c’est également leur point faible. Les entrepreneurs indépendants n’ont pas les mêmes droits que les employés à part entière. En conséquence, 15,8 millions d’Américains qui travaillent à plein temps dans le cadre de missions ne bénéficient pas du salaire minimum fédéral, ni d’une assurance maladie fournie par l’employeur. Ils doivent également prendre en charge l’intégralité des cotisations sociales. Les lois qui protègent les travailleurs à faibles revenus ne concernent que les emplois, et non les missions où l’on est censé « travailler pour soi », même en étant chauffeur Uber.
Cette situation n’est pas problématique dans les métiers de la construction ou de la rédaction, où les compétences acquises ouvrent la voie à de meilleures perspectives et à la sécurité financière. En revanche, elle l’est dans des emplois à faible revenu comme chauffeur Uber, qui n’offrent aucune perspective d’évolution. Certaines personnes se retrouvent ainsi piégées dans ces emplois et se sentent exploitées avec le temps.
Ce n’est pas le seul grief formulé contre l’économie des petits boulots, mais c’est une plainte récurrente qui alimente l’actualité. Et il est clair qu’ il n’y a pas de solution simple. Les services de transport et de livraison modernes dépendent du travail contractuel pour fonctionner, et certaines personnes sont satisfaites du système actuel.
Pour résumer, l’expression « économie des petits boulots » désigne une augmentation globale du travail contractuel, avec un accent particulier sur les nouveaux emplois à faible revenu tels que chauffeur Uber ou livreur pour Instacart. Ces emplois (et l’économie des petits boulots en général) sont souvent salués pour leur rôle de filet de sécurité financière, mais aussi régulièrement critiqués pour leur caractère potentiellement exploiteur.