La manière dont on gère la dette technique peut faire toute la différence entre un projet logiciel couronné de succès et un échec cuisant.
Qu’est-ce que la dette technique et quelles sont ses répercussions sur une entreprise ?
Pour faire simple, la dette technique correspond aux coûts supplémentaires qu’une entreprise doit supporter en raison de l’utilisation de méthodes de développement logiciel obsolètes ou inefficaces. On parle aussi de dette de code ou de dette logicielle.
Bien que le terme soit souvent employé dans le contexte du développement logiciel, la dette technique peut aussi concerner d’autres domaines comme le matériel ou les bases de données.
Si elle n’est pas gérée correctement, la dette technique peut devenir un véritable gouffre financier, entraînant une baisse d’efficacité et une diminution du retour sur investissement. Les développeurs sont contraints de travailler davantage, car la maintenance, la modification ou le remplacement de code ancien demande plus de temps et d’énergie.
La dette technique peut également engendrer une augmentation des coûts si le problème doit être résolu en urgence, car plus on attend, plus le coût de résolution augmente.
En conséquence, les effets de la dette technique peuvent être multiples : diminution de la satisfaction client, baisse du moral des employés, augmentation des coûts de maintenance et perte de productivité. C’est un problème que rencontrent la plupart des développeurs et ingénieurs lorsqu’ils tentent de créer une solution logicielle performante.
Pour résumer, une dette technique mal gérée se traduit par des dépenses opérationnelles plus élevées, un frein à l’innovation et une insatisfaction des clients. Les inefficacités, les retards et les pertes financières qu’elle engendre peuvent avoir un impact négatif à long terme sur les résultats d’une entreprise. Cette dette peut devenir coûteuse et chronophage, affectant la compétitivité d’une entreprise sur le marché.
Pourquoi la dette technique se forme-t-elle ?
À l’instar de la dette financière, ignorer ou reporter la gestion de la dette technique augmente le risque qu’elle devienne un problème majeur.
La dette technique peut entraîner des corrections coûteuses, ralentir le développement logiciel et entraver la livraison de produits, ce qui peut avoir des conséquences financières importantes si elle n’est pas maîtrisée. Il est donc essentiel de comprendre les causes profondes de la dette technique pour l’éviter.
Voici quelques-unes des raisons principales de l’apparition de la dette technique :
- Pression du temps pour livrer un projet
- Modifications fréquentes des exigences et des spécifications
- Duplication de code
- Code trop complexe
- Absence de normes et de cadres de développement
- Utilisation de branches de code ayant une longue durée de vie
Une branche de longue durée est une branche de code qui a été activement développée et qui s’est désynchronisée de la branche principale pendant une période prolongée.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la dette technique, notamment l’utilisation de solutions rapides et inadaptées, le sacrifice de la qualité pour des gains immédiats, ou encore un manque de connaissances, de ressources ou de temps lors de l’écriture et de la maintenance du code.
Elle résulte souvent d’un développement rapide et insuffisant, qui engendre des erreurs, une mauvaise expérience utilisateur et des retards. Lorsque des développeurs juniors sont chargés de créer des logiciels complexes sans accompagnement adéquat, la dette technique peut augmenter à cause des contraintes de temps, de ressources ou autres.
Le non-respect des bonnes pratiques, la production d’un code difficilement maintenable ou la mise en œuvre de procédures inadéquates peuvent également entraîner une dette technique. Les raccourcis, les tests et la documentation de mauvaise qualité ou le choix d’accélérer le processus de développement sont d’autres facteurs aggravants.
Exemples concrets de dette technique
Le coût de la dette technique tend à augmenter avec le temps si elle n’est pas prise en charge par une entreprise. Les entreprises peuvent se retrouver confrontées à une baisse de productivité et d’évolutivité, un risque technique accru et une maintenance logicielle plus ardue.
Examinons quelques exemples concrets de dette technique :
Exemple 1 : Un cadre de développement rigide
Le chef de projet fixe une date de livraison très serrée, ce qui pousse les développeurs à utiliser un cadre de développement rapide à mettre en place mais peu flexible. Dans ce cas, le produit est livré à temps, mais le cadre utilisé comporte des problèmes connus. Une fois la date de livraison passée, l’équipe doit publier des correctifs pour résoudre les problèmes et supprimer le code problématique, ce qui crée de nouvelles tâches et contribue à la dette technique.
Exemple 2 : Des développeurs inexpérimentés
La direction peut embaucher des développeurs avec peu d’expérience ou des compétences limitées pour concevoir un logiciel. Ces développeurs peuvent avoir des difficultés à créer un logiciel qui respecte les normes de qualité. De plus, la pression des délais peut les contraindre à publier un logiciel défectueux. La dette technique se forme alors en raison des efforts supplémentaires nécessaires pour corriger les erreurs ou publier des correctifs.
Exemple 3 : Le choix d’une mauvaise plateforme
Parfois, les développeurs peuvent opter pour des plateformes plus rapides, plus simples et plus pratiques comme les plateformes CMS, pour créer des sites de commerce électronique. Si le CMS n’est pas capable de gérer une forte affluence, le site Web de commerce électronique risque de devenir lent ou de planter. La reconstruction du site entraînera des coûts considérables et augmentera la dette technique.
Voici d’autres exemples concrets de dette technique :
- Mauvais choix de conception logicielle.
- Objectifs de projet mal définis.
- Manque de responsabilisation sur le produit.
- Recours à des correctifs rapides et peu sûrs au lieu d’une refonte en profondeur.
- Tests de code inadéquats.
- Ignorance des tests et des processus de révision.
- Manque de connaissances en architecture logicielle.
- Écriture de code sans suivre les bonnes pratiques.
- Modifications de code de dernière minute.
- Longue liste de mises à jour de produits effectuées par plusieurs développeurs.
- Ajout de fonctionnalités au code existant sans refactorisation appropriée.
- Développement parallèle sur plusieurs branches de code qui devront être fusionnées ultérieurement.
Les différentes formes de dette technique
La « dette technique » fait référence à l’accumulation de problèmes techniques au sein d’un projet ou d’un produit. Ces problèmes peuvent être le résultat d’une mauvaise planification, d’une refactorisation inadéquate, de tests de code insuffisants ou d’autres facteurs.
Pour mettre en place des plans d’atténuation efficaces, il est essentiel de comprendre les différents types de dettes techniques et les processus qui les engendrent.
On distingue généralement deux grandes catégories de dettes techniques :
- Dette intentionnelle ou délibérée
- Dette involontaire ou accidentelle
La dette technique intentionnelle se manifeste lorsqu’une équipe privilégie la vitesse de développement à la qualité du code. La dette technique involontaire apparaît lorsqu’il y a des erreurs accidentelles lors de la mise en œuvre, de la conception ou de l’architecture. La dette technique non intentionnelle comprend les types de dettes liés à la conception, à la mise en œuvre et aux processus.
Voici une liste de différents types de dettes techniques :
- Dette architecturale
- Dette de construction
- Dette de code
- Dette de défaut
- Dette de conception
- Dette documentaire
- Dette d’infrastructure
- Dette liée aux personnes
- Dette de processus
- Dette des exigences
- Dette de service
- Dette d’automatisation des tests
- Dette de test
La dette technique a généralement deux conséquences négatives : d’une part, elle augmente les coûts de développement et de maintenance à long terme en raison de la nécessité d’effectuer des retouches ou des corrections. D’autre part, elle peut diminuer la qualité du produit ou du service à cause de composants sous-jacents inadaptés.
Meilleures pratiques pour gérer la dette technique
Pour de nombreuses entreprises, la gestion de la dette technique devient un défi de plus en plus complexe, notamment lors du développement de nouveaux logiciels.
Adopter les meilleures pratiques pour gérer la dette technique nécessite une bonne compréhension de la technologie et des logiciels utilisés, ainsi que des préparatifs pour résoudre les problèmes potentiels. La dette technique est un coût que supporte une entreprise pour maintenir ses systèmes, et ce coût peut être considérable.
L’utilisation de techniques de codage de mauvaise qualité, le développement d’architectures logicielles difficiles à maintenir et le recours à des outils et cadres inadaptés peuvent tous contribuer à l’accumulation de dette technique.
La dette technique peut engendrer des problèmes importants pour les organisations, tels que des retouches coûteuses, une agilité réduite et une maintenance logicielle plus difficile.
Voici quelques bonnes pratiques pour minimiser ou surmonter la dette technique :
- Établir une liste de contrôle des tâches à réaliser à chaque étape du projet.
- Recruter des développeurs expérimentés et compétents.
- Suivre les cadres et l’architecture logicielle les plus fiables, en gardant à l’esprit l’objectif final.
- Écrire du code de haute qualité au lieu de produire du code de qualité inférieure en espérant le corriger plus tard.
- Tenir un registre clair et accessible de toutes les modifications.
- Utiliser des tests automatisés lorsque cela est nécessaire.
- Refactoriser régulièrement le code en adoptant une méthodologie Agile.
- Allouer du temps pour gérer la dette technique au fur et à mesure qu’elle se présente, au lieu de la reporter.
L’utilisation d’outils comme Stepsize, SonarQube Teamscale, Jira, etc., peut faciliter cette tâche complexe si vous souhaitez suivre la dette technique de près.
Ressources pour en apprendre davantage
#1. La dette technique en pratique : comment la détecter et la corriger
Ce livre offre un aperçu des méthodes concrètes pour identifier et éliminer la dette technique. Il constitue une excellente ressource pour comprendre les aspects techniques de la dette. Il propose des références, des conseils et des études de cas d’entreprises ayant réussi à mettre en place des méthodes de contrôle de la dette technique.
Il aborde des questions telles que la nature de la dette technique, ses causes, ses répercussions sur une organisation, la manière de la détecter et de la résoudre, ainsi que la manière de mettre en place des stratégies efficaces pour la réduire.
Le livre offre également de précieux conseils sur la quantification, la surveillance et le contrôle de la dette technique afin de préserver la qualité des logiciels.
Il met l’accent sur la manière dont les ingénieurs logiciels, les chefs de projet et les CTO doivent gérer les ressources à leur disposition pour minimiser la dette technique.
#2. Gérer la dette technique : réduire les frictions dans le développement de logiciels
Ce livre traite de la dette technique dans le développement de logiciels et a été écrit par des professionnels du secteur. Il s’adresse aux informaticiens et aux développeurs qui cherchent des méthodes pour contrôler et réduire leur dette technique. Il explore les stratégies de prévention et de réduction de la dette technique et offre un aperçu complet du sujet.
Il propose des études de cas, des bonnes pratiques et des recommandations pratiques pour aider les développeurs, les chefs de produit et le personnel technique à comprendre les complexités de la dette technique.
Ce livre examine en détail les conséquences de la dette technique, expose les risques des raccourcis lors du développement logiciel et explique comment la contrôler avant qu’elle ne devienne trop coûteuse. Il offre également des outils et des mesures utiles pour réduire la dette technique.
#3. Architecture logicielle durable : analyser et réduire la dette technique
L’auteure de ce livre, Carola Lilienthal, a refactorisé avec succès plus de 300 systèmes logiciels écrits dans différents langages, dont Java, C#, C++, PHP et ABAP. Ce livre est un manuel complet pour la construction de logiciels évolutifs et faciles à maintenir. Il aborde divers sujets en mettant l’accent sur les solutions techniques, telles que la restructuration du code, la conception axée sur le domaine et la maintenance logicielle.
Ce livre aide les développeurs de logiciels à apprendre à créer des applications fiables, stables, rentables et faciles à maintenir. Il offre aux lecteurs un examen approfondi des concepts fondamentaux qui sous-tendent la conception logicielle, ainsi que des conseils pratiques pour une utilisation quotidienne. C’est un outil précieux pour les ingénieurs et architectes logiciels.
#4. Conception de logiciels X-Rays : résoudre la dette technique avec l’analyse du code comportemental
Ce livre est un outil indispensable, car il propose des recommandations, des leçons et des ressources détaillées qui peuvent aider les développeurs de logiciels à produire de meilleures conceptions. Il fournit des explications techniques approfondies sur diverses conceptions de logiciels et sur la manière de les appliquer pour résoudre des problèmes spécifiques. De plus, il offre des conseils comportementaux sur la manière d’améliorer les conceptions pour une meilleure expérience utilisateur. Il propose des instructions détaillées et des méthodes pour refactoriser le code existant et éviter la dette technique.
Le livre traite également de DevOps, de livraison continue et des techniques de développement agile.
#5. Comprendre la dette technique : votre guide pour naviguer à l’ère de la transformation numérique
La dette technique, un terme qui a pris de l’importance dans le secteur de la technologie, est analysée en profondeur dans ce livre. Il a été écrit par des professionnels du domaine et offre aux lecteurs une vue d’ensemble du problème, tout en abordant des techniques de gestion et d’atténuation de la dette technique.
Il examine les défis liés à la gestion de la dette technique d’un point de vue commercial et technique, et offre des conseils pratiques pour éviter qu’elle ne devienne incontrôlable. Des études de cas sont également incluses pour illustrer les conséquences de la dette technique et les techniques de gestion appropriées.
Derniers mots
Comme nous l’avons vu, la dette technique peut être causée par divers facteurs, tels que des défauts de conception, des solutions de contournement, des mesures de réduction des coûts ou simplement un manque de ressources.
Un plan de gestion de la dette technique est indispensable pour tout projet logiciel réussi. Pour éviter des efforts supplémentaires et des dépassements de budget lors de la construction du code, il est essentiel de connaître les meilleures techniques de contrôle de la dette technique.
La gestion de la dette technique peut être une entreprise complexe pour toute organisation. Une planification et une stratégie rigoureuses sont nécessaires pour s’assurer que la dette peut être gérée efficacement et avec succès. Un bon plan implique d’enregistrer et d’analyser régulièrement la dette, de trouver des moyens de la réduire et de prendre des mesures pour éviter l’accumulation de nouvelles dettes.
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