Que sont les applications «Freemium» et comment fonctionnent-elles?



De nombreuses applications que nous utilisons quotidiennement adoptent un modèle économique dit « freemium ». Ce terme, résultant de la fusion de « gratuit » et « premium », signifie que ces applications peuvent être téléchargées sans frais, mais l’accès à certaines fonctionnalités avancées nécessite un paiement. Cette approche est de plus en plus prisée par les développeurs pour rentabiliser leurs créations.

Le modèle Freemium : une pratique qui ne date pas d’hier

Le principe du freemium repose sur la limitation de certaines fonctionnalités, accessibles uniquement via un achat, que ce soit un abonnement ou un paiement unique. Bien que l’appellation soit relativement récente, cette stratégie de monétisation de produits numériques existe depuis longtemps sous diverses formes.

L’idée de facturer pour des fonctionnalités supplémentaires trouve ses racines dans l’essor du shareware et de ses variantes. On se souvient des logiciels d’essai, tels que les versions antérieures d’Adobe Photoshop ou d’Internet Download Manager, qui n’étaient utilisables que durant une période limitée (souvent 30 jours) sans l’acquisition d’une licence payante.

Il y avait également les logiciels « crippleware », qui restreignaient considérablement les possibilités d’utilisation si l’on ne passait pas à la caisse. Les outils de montage vidéo, par exemple, bloquaient des ensembles entiers d’outils, imposaient des limitations de durée ou apposaient d’importants filigranes sur les créations.

Cependant, avec la démocratisation des applications mobiles, le modèle freemium s’est généralisé comme jamais. Il s’agit désormais probablement du type d’application le plus courant sur nos smartphones.

Le freemium : un modèle omniprésent

Un développeur peut monétiser une application mobile de plusieurs manières. L’une d’elles consiste à faire payer l’application dès le téléchargement. Cependant, face à la concurrence féroce des magasins d’applications (Play Store et App Store), il est de plus en plus difficile de convaincre un utilisateur d’acheter une application sans l’avoir préalablement testée.

La publicité est une autre source de revenus, mais elle est souvent perçue comme intrusive et n’est pas la solution la plus fiable pour assurer la rentabilité.

C’est pourquoi de nombreux développeurs se tournent vers une troisième option : le modèle freemium. Presque toutes les catégories d’applications, des outils de productivité aux widgets météo en passant par les applications de rencontres, intègrent ce modèle. Même certaines applications de photographie, telles que la populaire application d’appareil photo VSCO pour iPhone, facturent l’accès à des filtres et styles spécifiques.

Spotify propose également une offre freemium avec un accès gratuit à la musique, financé par la publicité. L’abonnement premium, quant à lui, donne droit à des avantages tels que le téléchargement de musique hors ligne, l’écoute sans publicité et un streaming de qualité supérieure.

La plupart des services de stockage en ligne, comme Dropbox, OneDrive et Google Drive, adoptent également ce modèle. Une quantité de stockage gratuite de base est proposée, que l’on peut augmenter via des offres payantes.

Le modèle freemium ne se cantonne pas aux logiciels grand public, de nombreux services professionnels, comme Slack, SurveyMonkey ou Asana, y ont également recours.

L’essor des achats intégrés : un catalyseur du modèle freemium

L’essor des applications freemium est en grande partie lié à la démocratisation des achats intégrés. Chaque application présente dans les boutiques Play Store et App Store a la possibilité de vendre des fonctionnalités supplémentaires. De plus, la plupart des applications proposant de la publicité permettent de la supprimer via un achat intégré.

Comme ces achats sont liés au compte Google ou Apple, ils peuvent être effectués en un seul clic. De nombreux développeurs utilisent des techniques marketing, parfois qualifiées de « modèles sombres », pour encourager les dépenses, par le biais de fenêtres contextuelles proposant de débloquer des fonctionnalités supplémentaires à l’ouverture de l’application ou de publicités particulièrement intrusives.

Les achats intégrés sont particulièrement courants dans les jeux vidéo « gratuits », qui sont souvent les plus agressifs en termes de monétisation. Au lieu de limiter l’accès à des fonctionnalités, ces jeux ont généralement recours à des microtransactions, incitant les joueurs à dépenser de l’argent à plusieurs reprises pour des objets, personnages ou devises virtuels.

De nombreux cas ont fait les gros titres, relatant des parents découvrant des dépenses astronomiques réalisées par leurs enfants pour des objets virtuels. Certains jeux mobiles limitent même le nombre de parties que l’on peut jouer dans un laps de temps donné, sauf si l’on passe à la caisse.

L’avenir du freemium

Il est peu probable que le modèle freemium disparaisse de sitôt. Il permet aux développeurs de toucher un public beaucoup plus large et limite le piratage. De plus, de nombreux utilisateurs se satisfont des versions gratuites, financées par la publicité, ou apprécient de pouvoir tester gratuitement une application avant de passer à la version premium.

Quoi qu’il en soit, pour être un consommateur avisé, il est important de connaître l’origine des logiciels et les méthodes de monétisation utilisées par leurs développeurs.