La transformation numérique de l’Afrique est sur le point de s’accélérer considérablement alors que MTN Group, un opérateur mobile de premier plan sur le continent, s’engage dans une stratégie ambitieuse visant à établir un réseau de centres de données de nouvelle génération. Cette initiative d’infrastructure essentielle est conçue pour soutenir les capacités d’intelligence artificielle (IA) en plein essor du continent, un domaine critique où l’Afrique cherche actuellement à combler un écart de capacité substantiel et à exploiter une demande en croissance rapide pour des services informatiques avancés.
Ralph Mupita, PDG de MTN Group, a confirmé l’engagement de capitaux directs de l’entreprise pour la construction de ces centres de données, tout en recherchant activement des partenariats avec des entreprises technologiques américaines et européennes pour cofinancer et étendre ce qui est envisagé comme une épine dorsale numérique à l’échelle du continent. Mupita a indiqué que l’entreprise est en phase de négociations commerciales, présélectionnant des partenaires, et vise à finaliser ces alliances stratégiques d’ici la fin de l’année. Le Nigeria est positionné comme le point focal initial de cette expansion, MTN prévoyant un investissement d’environ 240 millions de dollars pour y construire son premier centre de données dédié à l’IA. Cette installation est destinée à fournir une puissance de calcul cruciale aux gouvernements et aux entreprises, avec une capacité excédentaire disponible à la location pour d’autres organisations.
L’impératif de cet investissement découle du déficit d’infrastructure significatif de l’Afrique. Bien qu’abritant la population la plus jeune et à la croissance la plus rapide du monde, le continent ne dispose que de moins de 1 % de la capacité mondiale de centres de données pour l’IA. Une grande partie de cette infrastructure limitée est concentrée en Afrique du Sud, où des géants de la technologie comme Microsoft, Amazon et Alibaba exploitent déjà des services cloud. Cet écart crée une dépendance vis-à-vis des marchés externes pour les besoins avancés en IA, mais il présente simultanément une opportunité d’investissement substantielle. D’autres acteurs clés reconnaissent également ce potentiel ; par exemple, Microsoft et G42 d’Abu Dhabi développent une installation alimentée par géothermie au Kenya, tandis qu’Airtel Africa collabore avec Nxtra pour étendre la capacité de données du Nigeria.
Pour piloter la monétisation et la croissance stratégique de cette infrastructure, MTN créera une nouvelle unité commerciale nommée Genova. Selon Mupita, le mandat de Genova s’étend au-delà de la monétisation des actifs existants pour construire activement l’avenir, créant ainsi un écosystème où les entreprises africaines pourront prospérer à l’ère de l’IA. Cependant, le projet n’est pas sans défis. Une préoccupation majeure pour de telles installations énergivores est l’accès à une électricité fiable. MTN explore diverses solutions, y compris les options d’énergie renouvelable, pour assurer une alimentation électrique durable et ininterrompue à ses centres de données.
L’impact économique et social plus large de la capacité de calcul d’IA localisée est profond. Comme l’a fait remarquer un stratège technologique basé à Nairobi : « Le calcul d’IA ne concerne pas seulement les applications tape-à-l’œil ou les robots ; il s’agit de traiter des données agricoles, d’améliorer la modélisation des maladies ou de rendre l’inclusion financière évolutive. La capacité locale compte. » Ce sentiment souligne la vision stratégique de MTN : construire la propre épine dorsale numérique de l’Afrique, garantissant que le continent évite une dépendance perpétuelle vis-à-vis des centres de données étrangers et assure sa place dans l’économie numérique mondiale.