Fossiles : bébés ptérosaures morts dans une tempête jurassique

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By pierre



Les restes fossilisés remarquablement conservés offrent un aperçu rare de la vie périlleuse des jeunes ptérosaures durant le Jurassique, il y a environ 150 millions d’années. Deux bébés ptérosaures, découverts en Bavière, en Allemagne, présentent une fracture osseuse spécifique suggérant qu’ils ont été victimes d’une violente tempête. Cette découverte éclaire non seulement la fragilité de la vie, même pour les plus anciens vertébrés volants, mais fournit également des informations cruciales sur leurs stades de développement et leurs capacités aériennes peu après l’éclosion.

Ces ptérosaures juvéniles, surnommés « Lucky » et « Lucky II » par les chercheurs, étaient remarquablement petits, avec une envergure estimée à moins de vingt centimètres. Leurs os étaient encore délicats et pas entièrement formés, indiquant qu’ils n’avaient que quelques jours ou semaines au moment de leur décès. La fracture diagonale unique trouvée dans l’humérus, l’os soutenant l’aile, est une preuve cruciale. Les scientifiques pensent que cette blessure n’était pas le résultat d’un crash typique, d’une chute ou d’une prédation, mais plutôt de la pression extrême exercée par des vents ou des vagues puissants lors d’une tempête.

L’étude, publiée dans *Current Biology*, détaille méticuleusement comment les preuves suggèrent que ces oisillons ont été pris dans un événement météorologique grave. Les chercheurs proposent que les jeunes reptiles, pesant quelques grammes seulement, pratiquaient probablement leur vol, chassaient, ou même se reposaient lorsqu’une tempête redoutable a frappé. La férocité des vents aurait submergé leur force minimale, entraînant la blessure à l’aile. Ce traumatisme, combiné à l’immersion ultérieure dans un lagon, a probablement entraîné la noyade.

L’enfouissement rapide des ptérosaures dans des sédiments fins, caractéristique des dépôts de tempête, a joué un rôle vital dans leur conservation exceptionnelle. Les conditions pauvres en oxygène de leur tombeau aquatique ont protégé leurs corps délicats des charognards, permettant à leurs os de rester dans des positions réalistes. Cette conservation extraordinaire offre aux paléontologues un aperçu vivant, bien que tragique, de leurs derniers moments et une opportunité unique d’étudier le développement précoce et la mécanique de vol de ces créatures anciennes.

Le ptérodactyle, un genre de ptérosaures qui comprend ces oisillons, fut l’un des premiers groupes de vertébrés à réaliser le vol propulsé, précédant les oiseaux et les chauves-souris. Malgré leur petite taille à l’état juvénile, l’étude suggère que ces oisillons possédaient la structure alaire de base des adultes, impliquant qu’ils étaient capables de voler de manière autonome très tôt dans leur vie. Cela contredit les hypothèses antérieures et dépeint une image de petits voiliers autonomes naviguant dans les paysages difficiles du Jurassique.

La découverte souligne la nature dynamique et dangereuse des environnements préhistoriques, même pour les créatures habitant des cadres apparemment idylliques. Elle met en évidence que la vie à l’ère des géants n’était pas uniquement définie par d’énormes dinosaures, mais aussi par d’innombrables petits animaux confrontés à des menaces quotidiennes. Ces fossiles servent donc de rappel poignant de la fragilité inhérente de la vie pour les plus petits habitants de l’histoire de la Terre, offrant une perspective rare et précieuse sur le voyage évolutif du vol.