BRICS et Russie: L’absence de Poutine et Xi révèle la crise économique et les tensions géopolitiques.



Le récent sommet des BRICS à Rio de Janeiro a mis en lumière les complexités internes et les dynamiques évolutives au sein du bloc élargi, notamment marquées par l’absence notable des présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine. Leur non-participation, associée à une réduction discernable du niveau de représentation d’autres États membres clés, a souligné des changements potentiels dans la cohésion du groupe et ses aspirations à remodeler l’ordre économique mondial.

  • L’absence remarquée des présidents Xi Jinping et Vladimir Poutine au sommet des BRICS à Rio de Janeiro a soulevé des questions sur la cohésion du bloc.
  • D’autres États membres clés ont également envoyé des représentants de rang inférieur, comme les ministres des Affaires étrangères, signalant un engagement de haut niveau diminué.
  • L’économie russe montre des signes de forte tension, avec des ministres avertissant d’un risque de récession et d’une « tempête parfaite ».
  • La croissance du PIB russe a significativement ralenti au premier trimestre 2025, atteignant 1,4% contre 4,5% au trimestre précédent.
  • Les dépenses militaires et de sécurité devraient absorber 40% du budget total du gouvernement russe cette année, soit plus de 6% du PIB.
  • Les revenus énergétiques de la Russie ont atteint leur plus bas niveau depuis janvier 2023 en juin, exacerbant les pressions financières.

Accueillie par le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, la rencontre de deux jours a vu la présence des chefs d’État de l’Inde et de l’Afrique du Sud, Narendra Modi et Cyril Ramaphosa, respectivement. Cependant, la décision de Moscou et de Téhéran d’envoyer leurs ministres des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et Hossein Amir-Abdollahian, plutôt que leurs présidents, a traduit un engagement de haut niveau diminué. Cette absence collective de plusieurs dirigeants influents, en particulier de la Chine et de la Russie, a soulevé des questions quant à la capacité du bloc à projeter un front unifié et robuste sur la scène internationale, comme l’a rapporté Bloomberg.

La Pression Économique Accrue en Russie

La décision du président Poutine de ne pas se rendre au sommet des BRICS coïncide avec les signes croissants de tension au sein de l’économie russe. Au cours des deux dernières années, la performance économique de la Russie a été considérablement soutenue par des dépenses militaires substantielles et des revenus énergétiques robustes. Cependant, les indicateurs économiques récents suggèrent que ce modèle de croissance tiré par la guerre montre des signes de faiblesse, exposant des vulnérabilités structurelles sous-jacentes qui remettent en question sa stabilité à long terme.

Les évaluations officielles reflètent une appréhension croissante, le ministre russe de l’Économie, Maxim Reshetnikov, ayant averti que la nation est au « bord de la récession« , un sentiment partagé par le ministre des Finances, Anton Siluanov, qui a décrit la situation comme une « tempête parfaite ». Les données économiques du début de l’année 2025 confirment cette préoccupation : la croissance du PIB au premier trimestre a ralenti significativement pour atteindre 1,4 %, une forte baisse par rapport aux 4,5 % du trimestre précédent. De plus, les données de S&P Global ont révélé la contraction la plus forte de la production manufacturière en plus de trois ans, tandis que les ventes de voitures neuves en juin ont chuté de 30 % en glissement annuel, indiquant un ralentissement généralisé de la consommation.

Pressions sur les Secteurs des Entreprises et Bancaire

Les pressions économiques se manifestent de plus en plus sous forme de difficultés tangibles pour les entreprises russes. Rostselmash, un important producteur de machines agricoles, a annoncé des réductions de production et a imposé des congés annuels anticipés à ses 15 000 employés, invoquant une demande faible. Concomitamment, Rosseti Sibir, une entreprise d’électricité de premier plan en Sibérie, serait proche de la faillite, entraînant le gel de nouveaux investissements et des demandes de tarifs plus élevés auprès des clients industriels dans plusieurs régions.

Les effets d’entraînement se propagent également au secteur bancaire. Un rapport du Center for Strategic and International Studies a souligné que les prêts liés à la guerre, mandatés par l’État et émis par les grandes banques, deviennent de plus en plus difficiles à honorer pour les entreprises face à l’escalade des coûts d’emprunt. Ce scénario pourrait potentiellement contraindre l’État à absorber les futurs défauts de paiement, posant un fardeau fiscal. Par ailleurs, un rapport de mai du Center for Macroeconomic Analysis and Short-Term Forecasting a averti que le pays fait face à un risque « modéré » mais croissant de crise bancaire généralisée en 2026.

Cette année, les dépenses militaires et de sécurité devraient absorber un montant sans précédent de 40 % du budget total du gouvernement russe, soit plus de 6 % du PIB. Ce chiffre éclipse les quelque 3 % dépensés par les États-Unis et 2 % par l’Allemagne. Bien que cette injection budgétaire massive ait initialement stimulé la production industrielle, en particulier dans les secteurs liés à la défense, elle a également alimenté une inflation galopante, exacerbée par les sanctions occidentales. En réponse, la Banque centrale de Russie a relevé ses taux d’intérêt à 21 %, restreignant sévèrement l’expansion des entreprises et l’accès au capital dans l’ensemble de l’économie.

Baisse des Revenus Énergétiques et Alliances Géopolitiques

La dépendance substantielle de la Russie vis-à-vis des revenus énergétiques, qui représentent généralement environ un tiers de son revenu national, est apparue comme une vulnérabilité significative. La persistance de faibles prix mondiaux du pétrole tout au long de l’année a maintenu le pétrole brut vendu par la Russie en dessous du point d’équilibre budgétaire du gouvernement. Par conséquent, les revenus pétroliers et gaziers du pays ont atteint leur point le plus bas depuis janvier 2023 en juin, selon le ministère des Finances.

Historiquement, la Chine, sous la présidence de Xi, avait fourni une bouée de sauvetage économique cruciale en achetant du pétrole russe à prix réduit et en fournissant des équipements électroniques et industriels essentiels. Cependant, l’absence du président Xi au sommet des BRICS, parallèle à celle du président Poutine, suggère un affaiblissement potentiel de l’alignement stratégique entre les deux nations. Cette évolution, si elle est révélatrice de changements plus larges, pourrait intensifier davantage les pressions financières sur Moscou et souligner l’évolution du paysage géopolitique pour les principales économies émergentes.