BCE : Stabilité des taux en Eurozone, passage à la surveillance économique.

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By pierre



La Banque Centrale Européenne (BCE) signale un virage notable dans son approche de politique monétaire, s’éloignant de l’intervention active pour s’orienter vers une phase de surveillance économique. Ce pivot, articulé par Martins Kazaks, membre du Conseil des gouverneurs, suggère une nouvelle stabilité dans la stratégie financière de la Zone euro alors que l’inflation se stabilise autour de l’objectif de 2%, écartant la nécessité de nouveaux ajustements des taux d’intérêt à moins que les conditions économiques ne changent de manière manifeste.

  • La BCE passe d’une intervention active à une phase de surveillance économique.
  • Le cycle d’ajustement des taux d’intérêt est clos, excluant de nouvelles réductions.
  • L’inflation se stabilise autour de l’objectif de 2%, soutenue par des indicateurs économiques positifs.
  • L’accord commercial UE-États-Unis apporte de la certitude mais maintient des tarifs, présentant des risques potentiels.
  • Malgré les critiques, l’accord est considéré comme ayant évité une escalade commerciale majeure.
  • Les futures décisions de politique monétaire resteront tributaires des données économiques.

Orientation de la politique monétaire

Martins Kazaks a souligné que la BCE a conclu son cycle d’ajustements agressifs des taux. Le taux de dépôt ayant déjà été réduit huit fois pour atteindre 2%, la banque centrale a choisi de marquer une pause en juillet, une position qui devrait se maintenir lors de sa prochaine réunion de politique monétaire. Kazaks a fermement rejeté l’idée de nouvelles réductions mineures, déclarant qu’une baisse de 25 points de base serait largement inefficace et inutile, la considérant comme une simple « histoire d’assurance » sans impact économique substantiel. Cette perspective a été partagée par son collègue finlandais, Olli Rehn, qui s’est également opposé à une « baisse d’assurance » pour le simple fait de la faire. Le marché semble avoir intégré ce message, les traders n’anticipant pas de réductions de taux supplémentaires cette année, ce qui s’aligne avec les perspectives actuelles de la BCE. Les futures décisions de politique resteront tributaires des données, guidées par les nouvelles projections économiques attendues en septembre.

Trajectoire et prévisions économiques

Plusieurs indicateurs économiques positifs étayent la position prudente de la BCE. Les projections de juin indiquaient que l’inflation pourrait descendre à 1,6% d’ici 2026 avant de remonter à 2% d’ici 2027. La croissance des salaires s’est modérée comme prévu, et le secteur manufacturier, après trois ans de difficultés, montre des signes de reprise. Bien que l’inflation atteigne actuellement l’objectif, Kazaks a reconnu la possibilité d’un léger recul temporaire en début d’année prochaine, ce qui nécessiterait une observation attentive des dynamiques de rebond ultérieures.

Dynamiques commerciales transatlantiques

Au-delà de la politique monétaire, le paysage économique général est influencé par les accords commerciaux internationaux. Un récent accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis a introduit un certain degré de certitude mais maintient un tarif de 15% sur la plupart des exportations européennes. Cette situation, selon Kazaks, présente des risques potentiels de baisse de la croissance, notamment en ce qui concerne le possible détournement de produits chinois bon marché vers la région. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a défendu l’accord, publié dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, comme un « accord solide, sinon parfait ». Elle a affirmé que l’accord avait réussi à éviter une escalade commerciale potentiellement dommageable avec les États-Unis, menée par le président Donald Trump, qui aurait causé du tort aux industries, aux consommateurs et aux travailleurs européens. Von der Leyen a souligné que, contrairement à d’autres partenaires commerciaux des États-Unis qui ont fait face à des tarifs supplémentaires, le tarif de 15% de l’UE était « tout compris », offrant aux produits européens un accès plus favorable au marché américain et un avantage concurrentiel significatif. Malgré l’accord, qui a été négocié en Écosse par le président Trump et Ursula von der Leyen, il a fait l’objet de critiques considérables de la part des législateurs et des groupes industriels à Bruxelles. Néanmoins, des progrès sont réalisés, les deux parties s’étant mises d’accord sur les prochaines étapes pour réduire les tarifs sur les voitures européennes et faisant allusion à de futures discussions concernant l’acier et l’aluminium. Bruxelles continue de plaider pour de meilleures conditions, en particulier pour les vins et spiritueux. Le chancelier allemand Friedrich Merz a également publiquement soutenu l’accord, reconnaissant son potentiel de frein sur l’économie allemande, mais le jugeant préférable à un conflit commercial à part entière avec Washington.