Économie US et Énergies Renouvelables : Nouveaux Défis Fiscaux et Réglementaires



Le récent ensemble législatif, porté par le Président Donald Trump, devrait ajouter entre 3 000 et 4 000 milliards de dollars aux déficits fédéraux au cours de la prochaine décennie. Cette évolution budgétaire a immédiatement influencé les marchés financiers, le rendement du bon du Trésor à 10 ans ayant augmenté de 10 points de base suite à son adoption.

  • Le paquet législatif promulgué devrait augmenter les déficits fédéraux de 3 000 à 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.
  • Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a augmenté de 10 points de base après l’adoption de la loi.
  • Le rapport sur l’emploi de juin a dépassé les attentes, l’emploi ayant augmenté de 147 000 postes et le taux de chômage étant passé à 4,1%.
  • Les attentes du marché concernant les réductions de taux de la Réserve fédérale ont été révisées à deux baisses d’ici la fin de l’année, contre trois auparavant.
  • La nouvelle loi budgétaire supprime progressivement les subventions fiscales pour l’énergie renouvelable, avec des crédits complets maintenus jusqu’en 2026 pour la construction et 2028 pour la fabrication.
  • La législation introduit une clause de dépendance aux chaînes d’approvisionnement chinoises, conditionnant l’octroi des crédits d’impôt.

Malgré ce contexte budgétaire, les données économiques récentes présentent un tableau nuancé. Le rapport sur l’emploi de juin a dépassé les attentes, indiquant 147 000 nouveaux emplois et une légère diminution du taux de chômage à 4,1% contre 4,2%. Cette performance plus forte que prévu a modifié les attentes du marché concernant les réductions de taux de la Réserve fédérale, les traders de contrats à terme anticipant désormais deux baisses d’ici la fin de l’année, contre trois précédemment, et la probabilité d’une réduction en juillet ayant considérablement diminué.

Cependant, une analyse plus approfondie des chiffres de l’emploi révèle plus de continuité que de réelle vigueur. La participation au marché du travail a poursuivi sa légère baisse, tandis que la croissance de l’emploi provenait principalement des secteurs gouvernementaux et de la santé. Les industries cycliques, notamment la construction, la fabrication et l’hôtellerie, ont montré un ralentissement récent notable lorsqu’elles sont examinées à travers des moyennes glissantes, ce qui est cohérent avec les niveaux observés au cours des dernières années. De même, les secteurs non cycliques, bien que stables, ont montré une légère tendance à la baisse récente, en particulier avec la réduction de l’effectif du gouvernement fédéral.

Ce tableau économique général s’aligne avec d’autres indicateurs clés, tels que les faibles niveaux d’embauches, de licenciements et de démissions, et la difficulté croissante pour les chômeurs récents de trouver de nouveaux postes. Bien que les bénéfices des entreprises continuent de croître, leur rythme a décéléré par rapport aux années précédentes. Les projections de croissance du PIB pour le deuxième trimestre, provenant de sources telles que le GDPNow de la Fed d’Atlanta et le consensus des économistes, se situent autour de 2%, soit légèrement au-dessus du potentiel à long terme de l’économie. En substance, l’économie américaine se présente actuellement comme solide mais largement statique, caractérisée par une subtile tendance à la décélération. La prochaine saison des résultats du deuxième trimestre, qui débutera avec les grandes banques, fournira les prochaines informations cruciales.

Évolution des Politiques en Matière d’Énergie Propre

Parallèlement, un changement significatif dans la politique énergétique américaine est apparu avec la nouvelle loi budgétaire, qui supprime progressivement les subventions fiscales de longue date pour la fabrication et le développement de projets d’énergie renouvelable. Alors que la Chambre des représentants avait initialement proposé une suppression abrupte, la version adoptée par le Sénat privilégie une approche graduelle, maintenant des crédits d’impôt complets pour les projets dont la construction débute d’ici 2026 et des incitations à la fabrication jusqu’en 2028.

Cette trajectoire législative a entraîné une volatilité des actions du secteur des énergies renouvelables. Les baisses initiales, après le projet de loi de la Chambre et les préoccupations concernant des taxes supplémentaires, ont été compensées par des gains suite à l’adoption du projet de loi du Sénat et à l’approbation ultérieure par la Chambre. De nombreuses actions renouvelables ont depuis lors récupéré, dépassant leur valorisation au début de l’administration Trump. Notamment, les entreprises axées sur les projets résidentiels, comme SolarEdge, ont connu une amélioration significative grâce à des dispositions de la loi sénatoriale qui ont facilité l’éligibilité aux crédits d’impôt résidentiels, contrairement aux attentes antérieures de leur suppression.

Défis et Implications Économiques

Cependant, des défis persistent. Une préoccupation majeure est la faisabilité pour les nouveaux projets renouvelables de respecter la date limite de 2027 pour le raccordement au réseau, compte tenu des longues files d’attente d’interconnexion et des obstacles liés aux permis, comme le note Glenn Schwartz de Rapidian Energy. Cela suggère que le calendrier étendu bénéficie principalement aux projets existants.

De plus, la loi introduit une clause de dépendance cruciale, retenant les crédits d’impôt des fabricants et des installateurs qui dépendent excessivement des chaînes d’approvisionnement chinoises. Malgré les efforts pour renforcer la fabrication nationale, l’exposition substantielle de l’industrie américaine à la Chine et la capacité non éprouvée du gouvernement à surveiller la conformité présentent des complexités de mise en œuvre significatives, selon Ben King de Rhodium Group.

Cette incertitude politique survient dans un contexte de demande d’électricité record aux États-Unis, en partie due à la prolifération des centres de données d’IA. Le réseau électrique national, dominé par le gaz naturel, fonctionnant près de sa capacité maximale, comme le souligne Jesse Jenkins du Ardlinger Center for Energy and Environment à l’Université de Princeton, toute flexibilité du système repose sur l’expansion des infrastructures éoliennes, solaires et de stockage par batterie, ou sur une dépendance accrue à des centrales électriques moins efficaces et plus émettrices. Jenkins prévoit que ce changement législatif pourrait entraîner un déploiement d’énergies renouvelables réduit et plus coûteux, forçant une plus grande dépendance aux générateurs existants moins efficaces, ce qui se traduirait par des coûts énergétiques plus élevés et une augmentation des émissions. Il estime que les coûts énergétiques moyens des ménages pourraient augmenter de 160 dollars d’ici 2030 et de 280 dollars d’ici 2035 en raison de ces changements.

Malgré ces préoccupations, l’impact à long terme sur l’investissement dans les énergies renouvelables reste sujet à débat. Alors que de nombreux analystes prévoient un ralentissement, certains restent optimistes, affirmant qu’une partie significative des projets à l’échelle industrielle peut rester viable même sans subventions. Joseph Osha de Guggenheim Partners suggère que si la rentabilité peut diminuer, la demande fondamentale d’énergie, en particulier des énergies renouvelables où les projets restent rentables, continuera de stimuler le développement. Compte tenu de l’impératif d’un réseau énergétique en évolution, la nouvelle loi budgétaire présente un obstacle significatif, bien que potentiellement surmontable, à l’accélération de l’approvisionnement en énergie renouvelable aux États-Unis.